Sabler un plancher : dextérité, méthode et conditions ambiantes
par Denis Linteau | Les machines et les appareils utilisés pour sabler les planchers de bois franc sont de plus en plus performants. Cependant, cela ne veut pas dire qu’un sablage se fait par lui-même. Les différentes ponceuses doivent être manœuvrées de la bonne façon, d’étape en étape, de passe en passe. Les artisans ont à prendre en considération la température et l’humidité ambiantes à l’intérieur de la maison ou du logement où ils travaillent. Petites, moyennes et grosses sableuses Plusieurs modèles, quelques fabricants, des technologies différentes. L’équipement incontournable des sableurs, les ponceuses électriques, a nettement évolué depuis une vingtaine d’années. Par ailleurs, de nombreuses choses fascinantes peuvent être mentionnées à leur propos. Pour l’instant, je ne m’attarderai qu’à établir la distinction primaire permettant de mieux expliquer les techniques de sablage. Lorsque l’on débute les travaux de sablage sur un plancher, il est nécessaire d’utiliser en premier lieu une ponceuse principale ou « grosse sableuse ». C’est à l’aide de cette machine que l’on traite presque toute la surface à sabler. Notez que dans le jargon du métier de sableur, une « passe de sablage » sous-entend l’utilisation de ce type de sableuse. Lorsque l’on en arrive au ponçage de finition, on emploie une polisseuse, une machine un peu plus compacte possédant des disques d’abrasion. Finalement, pour poncer les endroits qui n’ont pas déjà été travaillés, soit le long des murs et dans les garde-robes, on se sert des bordureuses ou ponceuses de contour. Peut-être connaissez-vous aussi cette machine sous ses noms communs « petites sableuses » ou edgers. Se déplacer adéquatement Même si elles sont performantes, telles que les ponceuses Bona utilisées exclusivement chez Sélection Bois Francs, les grosses sableuses ne se contrôlent pas d’elles-mêmes. Il faut impérativement les régler en fonction du type de sablage à effectuer. Lors de la première passe, il est nécessaire d’appliquer le poids ou la pression maximale sur le rouleau d’abrasion et donc sur le papier sablé utilisé. Pour ce qui est de la deuxième passe, la pression est plutôt réglée à intermédiaire et les passes subséquentes, à faible. Ces trois niveaux sont pré-calibrés par le fabricant lors de l’achat de l’équipement. D’ailleurs, plus le papier abrasif utilisé est fin, moins la sableuse se doit d’exercer une pression forte sur le plancher. Ces ponceuses ne se déplacent pas non plus toute seules ; ce sont les sableurs qui les font avancer en ligne droite sur le plancher. La vitesse de déplacement est celle du pas de marche. Si le bois n’est pas complètement à nu lors de la première passe, le sableur peut cependant avoir à marcher plus lentement. Pour un sablage optimal, il est crucial que le professionnel du sablage ne fasse jamais de sur-place ou d’accélération trop marquée. Les artisans doivent plutôt se mouvoir sur la surface à sabler d’une façon fluide, en maintenant une vitesse constante. Cette technique permet d’éviter la création de « vagues » prononcées sur le plancher. C’est seulement lors de l’étape de la finition que le sableur pourra adopter un pas plus rapide avec la polisseuse. Pour bien poncer, il ne faut pas ménager ses pas La ponceuse principale effectue des dizaines, voire de centaines d’allers-retours d’un bout à l’autre du plancher de bois franc. Un espace de 6 à 8 po, appelé bordure, est toutefois laissé près des murs tout le tour de la pièce. Lorsqu’elle arrive au bout de la pièce, la sableuse est décalée latéralement avant de poursuivre son chemin dans l’autre sens. En début de sablage, la ponceuse traite le bois sur une surface de 7 à 8 po de largeur. Lors des passes subséquentes, cette bande est réduite peu à peu, pour être atteindre une surface d’environ 4 po. La raison est simple : le rouleau d’abrasion fixé à l’horizontal sous la ponceuse n’est pas droit, mais plutôt incliné d’un degré. Ainsi, la pression exercée sur le rouleau n’est pas la même partout et seule une section de ce dernier agit pleinement. Bien que l’outil soit conçu ainsi, il exige du sableur une grande dextérité comme il doit chevaucher (overlapping) la bande de sablage précédemment réalisée. Ce sont donc l’expertise et l’œil de l’opérateur qui font de cette opération mécanisée un art. Les ponceuses de contour Les ponceuses de contour sont de petites machines qu’on peut manier avec une grande précision. Elles sont plus légères et leur disque d’abrasion tourne plus rapidement. Ceci a un impact sur le numéro du papier sablé qu’on y fixe pour chaque passe. Normalement, l’abrasivité choisie est d’un niveau moindre que celle établie pour la ponceuse principale. Par exemple, s’il y a un papier 36 sur la grosse machine, il y aura du 50 sur les petites. La bande de sablage produite sera d’au plus 3 po de largeur. Tous les sableurs de nos équipes maîtrisent parfaitement la technique propre à l’utilisation d’une bordureuse et ce, depuis l’étape de la mise à nu du bois jusqu’à celle de la finition. Le mouvement donné à cet appareil ne doit pas être saccadé, car ces alternances provoquent des changements de pression sur l’appareil, ce qui peut marquer le bois. Face au mur, le sableur se doit d’être consistant dans sa gestuelle, en faisant des » J » couchés. Il se déplace latéralement vers sa droite à mesure que le ponçage s’effectue, en prenant soin de ne pas interrompre son mouvement lorsque cela est possible. S’il s’agit d’un plancher préverni ou très endommagé, le mouvement perpendiculaire au mur sera beaucoup plus ample. Par ailleurs, les petits espaces qui n’auront pas pu être atteints dans les coins par exemple, devront être faits à l’aide d’un grattoir à bois. Cette étape doit être réalisée en une seule fois après toutes les passes de ponçage. On termine par la suite avec un papier sablé très fin. « Quel beau temps pour sabler ! » La température idéale à plus ou moins 3 degrés pour sabler un plancher de bois franc est 22°C. Quant au taux d’humidité dans la maison, il est considéré comme adéquat s’il n’excède pas 55 %.
Les préparatifs avant le sablage d’un plancher de bois franc
par Denis Linteau Pour ce tout premier article de notre série 2018 d’informations et de conseils d’experts, j’ai choisi un sujet très pratico-pratique. Il s’agit d’un guide ciblant précisément comment il est possible de se préparer en prévision du sablage d’un plancher par des professionnels. En plus de faciliter la tâche à ces derniers, les préparatifs optimisent le chantier et assurent d’excellents résultats à tout coup. Examiner son vieux plancher de bois franc Je saute ici l’étape la plus importante, soit celle de chercher un bon entrepreneur, pour passer directement à celle de l’inspection. Examiner soi-même l’endroit où les travaux auront lieu est avantageux et nécessaire. Et pour y voir vraiment clair, un bon nettoyage du plancher est d’abord de rigueur. Évidemment, s’il y a du tapis ou un autre revêtement au sol, il faudra l’enlever au préalable et bien dégager la surface à traiter. Vous devriez également noter les détails qui semblent anormaux pour par la suite, mieux informer les artisans qui auront à réaliser le projet. Colle, clous et agrafes Grâce à une bonne inspection, les travaux préparatoires se feront plus méthodiquement. Il est important de jeter un œil au plancher dans le but de repérer les imperfections. Par exemple, s’il y a des résidus de colle à la surface du plancher, il sera possible de mieux en voir l’importance et tenter de les enlever à l’aide d’un grattoir ou d’un solvant. Attention toutefois de ne pas altérer le bois en profondeur ! L’idéal est d’identifier les endroits où il reste de la colle puisqu’une procédure spécifique lors du ponçage du plancher permettra de la déloger. Par ailleurs, beaucoup d’agrafes demeurent souvent piquées dans le plancher après avoir détaché un tapis : vous devriez particulièrement vérifier le long des murs. Pour les en retirer, je conseille l’utilisation de pinces universelles dans un mouvement de torsion effectué lentement pour minimiser les dégâts. Quant aux clous, il faudra également les enlever. Par compte, si cela s’avère impossible, la solution est de faire entrer les têtes de clous dans le bois d’au moins 2 millimètres. Un enfonce-clou, communément appelé punch, et un marteau feront l’affaire. Finalement, souvenez-vous que toute vis devra impérativement être extraite. Des taches et des réparations possibles Dans tout travail de préparation d’un plancher en vue de son sablage, il arrive de se buter à des taches tenaces. Ces taches peuvent être causées par le feu, par des résidus de détergents, par la présence d’excréments d’animaux, d’eau ou encore d’huile. En raison de leur âge et de leur profondeur, certaines d’entre elles risquent de ne pas être totalement effacées lors du sablage du plancher. Dans certaines situations, les produits de nettoyage destinés au grand public n’ont pas d’effet miracle sur ces marques indésirables. Si le nettoyage du plancher s’avère infructueux, il est avisé de demander conseil à un professionnel et d’envisager de remplacer les éléments atteints. Une bonne inspection permet aussi de détecter les endroits où le bois est fissuré et où il a « mal travaillé ». Les altercations les plus souvent rencontrées sont les gonflements et des déformations. Dans ces deux cas, le remplacement de certaines portions du plancher est souvent nécessaire. Gardez en tête que ce type de réparation représente des coûts additionnels et qui vous faudra prévoir un budget en conséquence. Toutefois, il faut savoir que les espaces entre les pièces de bois varient tout au long de l’année en fonction du taux d’humidité et de la température. Ainsi, des fentes plus larges durant certaines périodes ne signifient pas nécessairement qu’il y a un problème. De plus, leur colmatage avec un mastic n’est pas une solution miracle puisqu’elle entraine parfois des fendillements. Choses à faire avant l’arrivée des professionnels Bien sûr, tout le monde n’est pas bricoleur. Et je n’exige pas de mes clients qu’ils exécutent obligatoirement tous les petits travaux préalables à la remise à neuf de leur plancher. Par exemple, il peut être difficile de préparer les plinthes électriques. C’est pourquoi nos artisans certifiés Bona sont en mesure de s’en occuper en les surélevant d’environ 5 centimètres (2 po). Si elles n’ont pas à être remplacées, repeintes ou vernies, les moulures de finition (quart de rond) peuvent rester en place. Les ponceuses de pourtour Bona que nous utilisons sont très précises. Cela dit, il est nécessaire pour les gens de vérifier et de faire un certain nombre de choses avant l’arrivée de l’équipe chargée de remettre à neuf les planchers de bois franc. Voici les plus importantes : Tout le mobilier (meubles, luminaires, bibliothèques, tableaux, miroirs, etc.) doit avoir été déplacé dans une pièce de la maison où il n’y aura pas de travaux à effectuer. Les portes et les rideaux doivent, eux aussi, avoir été enlevés. Dans le cas d’un sablage sans poussière, les draperies peuvent être simplement retroussées et fixées correctement aux tringles et rails. Les garde-robes doivent être débarrassées de leur contenu. Il faut prévoir une place de stationnement disponible pour une camionnette à proximité; l’équipe de travail doit pouvoir facilement entrer son équipement dans la maison et ce, même en l’absence des propriétaires. Une prise électrique de 220 volts est notamment requise pour le branchement de l’outillage spécialisé; habituellement, on utilise celle de la cuisinière électrique ou de la sécheuse. Il faut donc libérer l’accès à celle-ci. Si toute la pièce est en rénovation, il est préférable de s’assurer que les travaux soient terminés au moins deux jours avant le sablage. Pour ce qui a trait à la peinture, il y a certaines distinctions : s’il s’agit d’un sablage sans poussière, il n’y a aucun risque à peinturer les murs avant les travaux. S’il s’agit d’un sablage conventionnel, il est préférable d’appliquer la couche finale au moins une semaine après les travaux. Finalement, si le plancher doit être teint, il faudra prévoir des retouches sur les moulures. Il est nécessaire de contrôler préalablement les conditions de l’air ambiant dans toute la maison. Il faut viser une température stable de 22 °C (± 3 degrés) et une humidité relative située entre 40 % et