par Denis Linteau | Les planchers huilés ont le défaut de leur qualité : ils ont l’air naturels et comme la nature, ils changent avec le temps. Au contact des éléments ambiants comme l’air, la chaleur et la lumière, l’huile qu’ils contiennent s’évapore peu à peu. Des nettoyages inappropriés accélèrent également leur assèchement. Par contre, les éraflures et autres marques superficielles y sont peu apparentes et peuvent être corrigées facilement. On peut aussi effacer soi-même certaines vilaines taches, il suffit d’avoir un peu d’huile à la maison. Vernis vs huile : deux logiques différentes On me demande souvent quel fini est le plus pratique : un plancher verni ou un plancher huilé. À cela, mes réponses commencent presque systématiquement par « ça dépend de… ». Je résume. Les planchers vernis peuvent être frottés, nettoyés, astiqués à l’excès. D’ailleurs, beaucoup de gens les aiment encore ainsi. Au quotidien, ils résistent aux petits dégâts, ne jaunissent pas, ne changent pas vraiment d’apparence. Néanmoins, il est important de suivre la méthode de nettoyage et certaines mauvaises habitudes sont à éviter. Lorsque ces conditions sont respectées, les planchers vernis peuvent facilement durer 15-20 ans. Par contre, s’ils sont profondément atteints par des égratignures ou encore si le vernis est usé prématurément, on ne peut faire soi-même les correctifs. Un sablage et un vernissage professionnel sont alors requis sur à la grandeur du plancher. Les planchers de bois huilé ont un autre type de résistance. Malgré le fait qu’ils se nettoient avec des produits spéciaux, il est presque conseillé de ne pas trop les frotter ! Pourquoi ? Simplement parce que tout leur charme vient du fait qu’ils vieillissent et qu’ils ne sont pas parfaits. Ceci dit, après deux ou trois ans, les endroits très fréquentés devront être huilés à nouveau. La bonne nouvelle pour les propriétaires, c’est qu’ils peuvent le faire eux-mêmes. Et si, avant la fin de cette période, des marques et des égratignures sont présentes sur le plancher, les retouches se font également facilement, avec un peu d’huile. Techniquement, un plancher huilé n’a plus jamais à être sablé au complet de sa vie. L’entretien usuel et les précautions à prendre L’entretien hebdomadaire de votre plancher huilé n’est pas sorcier. Passez l’aspirateur avec une brosse souple, le balai ou la vadrouille pour enlever les saletés comme la poussière et le sable. Pour les petites taches, vaporisez un des produits de nettoyage spécifiquement mis au point pour le bois huilé, comme Bona Soap par exemple. Ces nettoyants à faible pH sont composés de produits naturels qui n’attaquent pas l’huile. Passez ensuite un chiffon absorbant ou un balai avec serpillière pour essuyer. Aucun rinçage à l’eau n’est nécessaire. Par ailleurs, si un plancher huilé demande qu’on soit capable de tolérer certaines imperfections, cela ne veut pas dire que l’on peut être négligent pour autant. Dans une résidence privée, les précautions suivantes permettent à la beauté du bois huilé de perdurer : Ne laissez pas s’accumuler des particules dures (du sable, par ex.) sur les planchers huilés ; Évitez de laver le bois franc à grande eau ; Ne laissez pas des animaux domestiques se promener sur les parquets huilés avec leurs griffes non taillées et non limées ; Évitez de marcher avec des chaussures à talon aiguille sur le bois franc ; N’employez aucune cire, nettoyant à planchers pré-vernis, solvant ou détersif pour détacher les surfaces. L’entretien cyclique Quelques facteurs causent également l’usure du plancher de bois franc huilé. Par exemple, s’il y a beaucoup de circulation dans la maison, d’entrées et de sorties, de jeunes enfants ou encore des animaux, il sera normal de voir des zones plus usées. Au bout de deux ou trois ans, certains endroits des planchers huilés devront donc être « nourris » à nouveau. L’essence du bois a également sa place dans l’équation. L’érable par exemple, possède un grain serré et absorbe une moins grande quantité d’huile. Par contre, un huilage n’implique pas inévitablement que l’on doive couvrir tout le plancher et les applications circonscrites d’huile ne laissent aucune démarcation. Dans les endroits moins passants, les chambres par exemple, un fini huilé peut rester beau pendant cinq ou six ans. Pour ce qui est du grand huilage complet, il est souvent requis après huit ou dix ans. Entre temps, il est aussi possible de revitaliser le bois en profondeur quand plusieurs bons nettoyages ont été nécessaires. Des fabricants comme Bona, Livos et Signa proposent des « Oil Systems » qui redonnent de la richesse aux planchers de bois huilé. Attention : cela ne veut pas dire qu’il faut en abuser ! Effectivement, ceux-ci contiennent des cires qui peuvent rendre le bois collant. Faire disparaître les marques Un plancher huilé ne possède pas véritablement de pellicule, de feuil, comme c’est le cas avec le vernis. L’huile a plutôt saturé le bois, l’a imperméabilisé, et elle a légèrement cristallisé en surface lors du ponçage de finition. Ce type de protection permet aux gens de faire eux-mêmes des retouches sur leurs planchers. Voici comment faire. Primo, il faut frotter doucement la zone plus pâle ou desséchée, dans le sens du bois. Utilisez un papier abrasif 150, 180 ou 200; plus le bois est mou, plus le grain doit être fin (chiffre élevé). Cette étape sert simplement à ce que l’huile pénètre mieux dans le bois. Ensuite, enlevez la poussière avec un linge humide ou avec l’aspirateur. Mettez de l’huile de finition sur un tampon synthétique et appliquez sur la zone ciblée. Attendez 15 minutes, puis enlevez l’excédent avec un linge sec. Si une autre couche est requise, attendez 24 heures avant de répéter l’opération. L’idéal est de prendre la même huile de finition que celle utilisée lors des travaux d’huilage par les artisans. S’il y a de grosses rayures, laissez simplement l’huile les combler ; rien n’y paraîtra. Si le plancher a été teint, il faut appliquer de la teinture dans l’égratignure à l’aide d’un coton-tige et attendre au lendemain avant de mettre de l’huile par-dessus. Truc de l’expert En terminant, je voulais vous partager une astuce qui vous
Protection du bois franc : l’ABC pour huiler correctement un plancher
par Denis Linteau | Depuis quelques années, la tendance des planchers de bois huilé est en plein essor. Leur fini mat et imparfait les fait paraître plus vivants et les rend irrésistibles pour de plus en plus de propriétaires. Tout comme les vieux cuirs, les planchers huilés s’embellissent grandement avec le temps et, en les revitalisant de temps à autre, leur durée de vie devient sans limite. Une seule condition doit cependant être respectée : il faut que des sableurs experts aient au départ fait le travail ! Gros plan sur le traitement à l’huile des parquets. Couche #1 : l’imprégnation du bois Un plancher huilé est le résultat de différentes opérations. Une fois le bois correctement mis à nu lors du sablage et teint comme il se doit si telle est la demande du client, la première étape spécifique à l’huilage est celle de l’application de la première couche d’huile. Il n’y a pas de scellement proprement dit, comme pour le vernis, les artisans visent plutôt à imbiber le bois. Ils utilisent une huile de fond « imprégnante » lors de cette étape. Un tandem fait le travail, appliquant l’huile dans le sens du bois sur toute la surface à traiter. L’un des artisans fait le découpage au pinceau. L’autre étend l’huile à l’aide d’un rouleau ayant des poils de 6-8 mm de longueur ou d’un applicateur muni d’une peau de mouton du même type que celle utilisée pour la teinture. Notez qu’une peau synthétique fait très bien l’affaire lorsque le plancher n’est pas endommagé. Il faut néanmoins mettre une généreuse quantité d’huile sur le plancher. Un litre d’huile Bona peut couvrir jusqu’à 150 pi2. Ce type d’huile est plus liquide et est conçu pour pénétrer rapidement le grain du bois. Une saturation pour le long terme Il est important de laisser agir l’imprégnant de fond une quinzaine de minutes. Tout ne sera pas absorbé par le bois après cette attente, mais ce n’est pas grave. Effectivement, l’absorption peut varier d’une essence de bois à l’autre. Ce qui est cependant requis, c’est de prendre la peine de bien essuyer l’excédent d’huile. On peut le faire à la main à l’aide d’un linge dédié ou encore utiliser la polisseuse munie du même type de tissu. On installe ensuite sous cette même polisseuse Bona un tampon en laine d’acier de niveau moyen. Un artisan passe alors lentement l’appareil sur tout le plancher. Cette opération vise essentiellement à faire augmenter la température de l’huile présente dans le bois pour lui permettre de pénétrer davantage le bois. Cela permet aussi d’imperméabiliser le parquet. À ce stade, l’apparence du fini n’est pas ce qui compte le plus, même si ce dernier doit tout de même avoir un aspect uniforme en surface. D’ailleurs, la laine d’acier utilisée ne doit pas être trop abrasive. Sachez que certains sableurs réalisent un léger ponçage à ce stade, avec un papier #800. Cependant, avec les huiles que j’utilise chez mes clients, je ne le conseille pas. En fait, l’huile superflue est captée par le tampon et relâchée aux endroits où le bois est plus sec. Les fissures et les espaces entre les planches ne changent rien à l’opération ; l’huile qui s’y accumule n’est pas un problème. La réalisation de la saturation du bois avec de l’huile se fait dans la même journée. Couche #2 : le fini protecteur Le lendemain, une vérification est toujours de rigueur. Cela se fait à l’aide d’un linge sec que l’on frotte ici et là sur le plancher. Il faut que l’huile ait pénétré complètement et que le bois soit sec en surface. Durant le temps de séchage, je déconseille fortement de marcher en bottes sur le plancher de bois ou encore de laisser les animaux domestiques y circuler, car cela peut altérer la surface du plan cher par endroits. Si la surface est belle, une seconde et dernière application d’huile peut commencer. Pour cette couche de finition, un autre type d’imprégnant est utilisé, plus épais et contenant des additifs. Pour une rare fois, l’équipe de Sélection Bois Francs n’emploie pas un produit Bona à cette occasion. Cette étape nécessite, elle aussi, une généreuse couche d’imprégnant en utilisant un applicateur, un rouleau et un pinceau. Quinze minutes sont une fois de plus laissées à l’huile de finition pour qu’elle se place et pénètre partiellement. L’excédent est ensuite bien épongé. Il ne faut impérativement pas sauter cette étape intermédiaire, car laisser du liquide en surface peut compromettre la fonction très importante de l’étape suivante. En effet, c’est durant celle-ci qu’il y aura, en quelque sorte, une cristallisation de l’huile et la création d’un fini protecteur pour le plancher. Polissage et tampons Une fois l’huile de finition bien épongée, un artisan commence à polir le plancher. Cette fois, il muni la polisseuse d’un tampon synthétique de 3/4 po d’épaisseur et de 16 po de diamètre. Il déplace l’appareil de gauche à droite, section par section et dans le sens du bois. Il est primordial de laisser travailler le coussinet et de ne rien forcer. Cette opération va décider du genre de fini qu’aura le plancher. Un autre artisan polit à la main les endroits non atteints. Il peut aussi utiliser une ponceuse orbitale, sur le disque de laquelle a été fixé le même type de tampon. Norton, le fabricant des tampons polisseurs dont nous nous servons, offre trois niveaux de rugosité : vert, rouge et blanc. Les tampons verts sont les plus mordants; on les utilise pour donner un fini mat au plancher. Les tampons rouges, moins rugueux, donnent un fini semi-lustré, alors que les blancs, très doux, produisent un fini presque lustré. Chez Sélection Bois Francs, nous travaillons presque toujours avec les tampons verts, car un parquet huilé est le plus beau lorsqu’il est mat. Durables, ces coussinets peuvent polir jusqu’à 600 pi2. C’est uniquement lorsqu’ils se remplissent trop d’huile qu’il faut les remplacer, car cela altère leur effet abrasif et ils ne permettent plus de créer la cristallisation voulue. D’où l’importance de l’essuyage avant le polissage. Vérification finale C’est à la
Charmes et contraintes des parquets huilés
par Denis Linteau | En Europe, 90 % des parquets de bois franc sont huilés et non vernis. Au Québec, cette statistique tourne plutôt aux alentours de 40 %, si je me fie à ma clientèle. Cependant, cette proportion est en nette progression depuis une dizaine d’années. Effectivement, la tendance actuelle est au huilage et ce n’est pas pour rien. Écologiques et d’apparence naturelle, les planchers huilés ont beaucoup d’attraits, mais ils comportent aussi certaines contraintes. D’où l’importance de vous donner toute l’information nécessaire avant d’arrêter votre choix sur ce type de finition de plancher. Conseiller et expliquer Comme nous venons de le mentionner, il y a actuellement une mode pour l’huile sur les planchers de bois. Celle-ci est nourrie par l’attrait du vintage et par l’utilisation décorative des vieilles planches. La plus grande sensibilité environnementale des consommateurs pèse sans doute également dans la balance. Chose certaine, les gens, notamment les jeunes couples, sont friands des informations concernant les planchers huilés (Web, télé, magasines), et ils veulent avoir des réponses. Chez Sélection Bois Francs, nous avons comme politique d’expliquer dès le départ au client ce que signifie avoir un plancher de bois huilé, avantages comme inconvénients. C’est pourquoi, malgré ses qualités, il nous arrive parfois de le déconseiller à certaines personnes, ou plutôt à certains modes de vie. Tout le monde n’est pas « fait » pour un plancher huilé ! C’est une question de perception, je dirais même de mentalité. J’y reviendrai plus tard dans cet article. Quand la question d’huiler ne se pose même pas Tout d’abord, dissipons quelques doutes dans votre esprit. Lorsqu’il s’agit d’un plancher, toutes les essences de bois peuvent être huilées. Fini le temps où c’était problématique d’imprégner d’huile un plancher en érable par exemple. La technologie a grandement évolué et l’arrivée d’excellentes huiles de finition sur le marché a fait en sorte que le feuil est désormais stable et la protection durable. Ensuite, il y a des cas où huiler le bois franc n’est pas uniquement une option : il s’agit d’une obligation. Je pense par exemple aux appartements donnant sur la rue, aux entrées sans vestibule, aux commerces de quartier et aux intérieurs peu protégés contre l’hiver. Leurs planchers ont tellement reçu de produits de déglaçage et d’eau que le bois est saturé de calcium. Dans ces conditions, il y a de fortes chances qu’un vernissage soit une mauvaise solution. À l’inverse, les huiles Bona ou Carver par exemple, ne réagissent aucunement avec le calcium et donnent des finis qui conviennent très bien aux planchers exposés à beaucoup de va-et-vient. Ils sont donc tout indiqués pour des établissements comme des bars, des restaurants et des cafés. Par ailleurs, si le bois franc se trouve dans un chalet « occasionnel » peu isolé ou que le plancher à sabler est dans une maison avec cave non chauffée (vide sanitaire), la décision d’huiler plutôt que de vernir peut également s’imposer. Pourquoi ? Eh bien, c’est que dans ce genre d’endroits, les planches sont soumises à de grandes contraintes thermiques d’expansion et de rétractation. En réalité, les planchers qui s’y trouvent « bougent » énormément. Offrant une plus grande souplesse que le vernis, l’huile reste stable en dépit des variations et les extrêmes de température. Il n’y aura ainsi aucun écaillement… malgré les craquements ! La beauté branchée et irréversible du bois huilé Comme le fini des planchers huilés est plutôt mat, on les vante souvent dans les magazines de décoration. Ils produisent une ambiance naturelle, moderne rustique, chaleureuse. Ils font également ressortir les veinures et la beauté du bois, sans reflets pouvant jurer avec les autres matériaux nobles de la déco tels la pierre, les alliages métalliques et le cuir. En plus, le bois huilé n’est aucunement toxique et, s’il est égratigné, on peut le retoucher soi-même à la maison sans que rien n’y paraisse. S’il est entretenu de la bonne manière et avec les produits à pH neutre requis, un plancher huilé correctement n’a plus jamais à être traité à nouveau par des professionnels. L’inconvénient est qu’il est impossible de vernir un plancher traditionnel qui a déjà été huilé. Ces deux finis sont incompatibles dans cet ordre d’application. Par contre, certains planchers pré-huilés en usine peuvent parfois être vernis ; cela dépend du procédé utilisé par le fabricant. Si l’huile est uniquement restée en surface, ça peut être faisable, après avoir évidemment réalisé un sablage adéquat. Sinon, il est pratiquement immanquable que le vernis va peler, et ce, assez rapidement. Il faut donc toujours faire un test au préalable. Les planchers huilés sont faits pour qui ? Dans la vraie vie, les planchers huilés demandent qu’on les laisse un peu tranquilles ! Ce sont des surfaces qu’il ne faut pas chercher à maintenir immaculées. Il faut s’enlever de la tête cette image d’un plancher huilé parfait, astiqué comme un piano à queue, sans aucune imperfection. D’ailleurs, c’est en les nettoyants trop souvent et avec des produits détergents puissants qu’on réduit considérablement leur durée de vie. L’huile de finition s’assèche alors indûment, elle est dissoute ou est carrément enlevée en surface. Les propriétaires plus âgés, à la retraite ou ayant toujours eu des planchers de bois franc vernis pourront avoir du mal à s’adapter à des parquets huilés — on peut mettre de l’huile sur du bois ayant déjà été verni. La raison est simplement que ceux-ci réagissent davantage à l’activité domestique : marcher pieds nus peut laisser des traces, le frottement des pattes de chaises crée des marques brillantes, des zones plus éclairées peuvent changer de couleur, etc. Dans un domicile où tout est toujours spic & span, il se pourrait que le plancher devienne l’intrus ! Les personnes qui sont toujours en train de frotter ou qui cherche à effacer les toutes imperfections ne sont pas celles à qui je conseille un huilage pour leurs parquets. Au contraire, il faut être un peu plus tolérant avec les planchers huilés. Selon mon expérience, les nouvelles générations semblent un peu plus disposées à avoir ce type de revêtement de sol. Elles