par Denis Linteau Quand on parle de bois franc, c’est généralement perçu de manière positive. Les gens se rappellent un beau plancher en bois de chêne, des meubles en cerisier brésilien ou encore un patio en acajou, par exemple. D’ailleurs, une idée très répandue est que la dureté d’un bois en fait sa valeur, sa qualité, spécialement en ce qui concerne les planchers des résidences. Est-ce totalement exact ?   La dureté des différents types d’essences de bois Les arbres sont des plantes ligneuses se présentant sous de nombreuses espèces, soit plus de 60 000 ! Une fois que l’arbre est coupé et transformé, on utilise plutôt le terme « essence de bois » pour le définir. Parmi les plus connues, on retrouve les essences d’érable, de chêne, de merisier et de frêne. Les arbres se divisent en deux grandes familles : les feuillus et les résineux, tels que le sapin et l’épinette. Les premiers donnent des « bois durs », les seconds, des « bois mous ». Comme dans toute chose, il existe des exceptions à cette règle générale. Par exemple, le balsa est un arbre à feuilles dont le bois est léger et mou, alors que l’if, un conifère, est relativement dur. Les autres éléments qui ont aussi un impact sur la dureté du bois d’un arbre sont la densité de ses fibres, son type et son orientation. Le climat dans lequel il a poussé et le niveau de croissance atteint par l’arbre avant qu’il soit coupé font également une différence sur sa dureté.   Le bon bois, au bon endroit Le fait qu’un type de bois soit dur ou même extrêmement dur, comme les bois exotiques, ne signifie pas qu’il est impérativement le choix le plus approprié pour un projet. Au Canada, le bois d’œuvre (madriers, poutres, etc.) utilisé en construction domiciliaire provient en grande majorité d’arbres résineux tel que le pin, l’épinette ou le thuya. Ça démontre que les surfaces porteuses comme les solives ou les contre-plaqués, peuvent très bien être faite de bois mou. Ce sont plutôt les revêtements de sol qui peuvent gagner à être plus résistants aux chocs et donc plus dures. D’où la popularité des planchers de bois franc. Il va sans dire que l’aspect esthétique et chaleureux de ces planchers explique aussi leur grande popularité !   La différence entre le bois massif et le bois d’ingénierie Si vous ne le saviez pas déjà, les termes « bois dur » et « bois franc » sont deux synonymes. Traditionnellement, lorsque l’on faisait poser du plancher, le revêtement du sol était automatiquement composé de bois dur et massif. Ces planchers étaient très résistants puisqu’ils étaient faits de planches constituées d’une seule pièce de bois franc. Aujourd’hui, la grande majorité des planchers installés dans une résidence sont constitués d’éléments fabriqués en usine. Ceux-ci sont définis comme étant prévernis ou encore préhuilés. Bien que le bois d’ingénierie, également appelé contrecollé, est plus répandu sur le marché, il est encore possible de se procurer un plancher de bois massif. Le bois contrecollé est un placage de bois dur d’une épaisseur variant entre 0.6 et 4.5 millimètres sur une base en contre-plaqué, en bois plus mou ou en HDF. . On retrouve aussi les planchers laminés et les planchers flottants qui, pour leur part, ne peuvent pas être sablés.   L’échelle de dureté du bois Si la densité, la masse ou le grain d’un bois peuvent donner une indication de sa dureté, rien ne vaut une méthode standardisée pour faire des comparatifs précis entre les différentes essences. À cet égard, l’Autrichien Gabriel Janka a été le premier à créer en 1906 une échelle de dureté basée sur une procédure reproductible. Son test, modifié et normalisé par la suite par ASTM, repose essentiellement sur la résistance à l’enfoncement. En somme, il nécessite que le morceau de bois à analyser soit placé dans un cylindre muni d’un pilon qui exercera une forte pression sur une bille d’acier. Cette bille doit avoir un diamètre de 11.284 mm, soit 0.444 po. C’est lorsqu’elle sera enfoncée précisément de moitié dans le bois qu’une lecture est faite sur l’appareil. Forcément, plus un bois est dur, plus il est nécessaire de déployer une grande force pour faire pénétrer la bille. Aux États-Unis, l’unité de mesure de dureté du bois est encore aujourd’hui la livre-force (lbf). L’échelle Janka s’étend de 0 à 4000, 0 lbf représentant une dureté nulle et 4000 lbf une dureté extrême. . Pour illustration, l’ipé figure parmi les bois exotiques les plus résistants et enregistre une dureté de 3684 lbf sur l’échelle Janka, alors que le balsa se classe au dernier rang à 100 lbf de dureté. Notez qu’il existe d’autres échelles de dureté du bois employées à travers le monde, l’indice Chalais-Meudon notamment.   Essences de bois, dureté et planchers C’est logique de penser que plus un bois est dur, plus il est résistant aux chocs, aux éraflures et aux entailles. D’ailleurs, strictement à cet égard, je préfère l’acajou au mélèze ou au pin blanc. Lors d’un test en laboratoire, il n’y a aucun doute que les essences de bois qui affichent une dureté très élevée sont résistantes. Or, lorsque l’on sélectionne une essence de bois pour le plancher d’une résidence, d’autres variables entrent en jeu et il est important d’en tenir compte. Entre autres, des éléments tels les saletés, l’humidité et la température varient dans un environnement non contrôlé comme celui d’une maison et les essences n’y réagissent pas de la même façon. Le classement des bois (nus) selon leur dureté doit être relativisé, c’est-à-dire qu’il ne faut pas nécessairement viser le meilleur score sur l’échelle de Janka lorsque l’on sélectionne une essence. Cela dit, les balises établies par l’échelle sont instructives. Pour les planchers, par exemple, il est acquis que la démarcation entre bois franc et bois mou se fait autour de 950 lbf. Pour certains experts, les duretés de référence seraient celles situées entre 1200 lbf et 1500 lbf. Pourquoi ? Parce que les bois qui se trouvent dans cette fenêtre de dureté, tels que le merisier ou