Sabler un plancher : des techniques d’experts

par Denis Linteau

Redonner vie à un plancher de bois franc est un art. Une étape cruciale de ce travail de patience est l’abrasion contrôlée, ce qu’on appelle communément le « sablage ».

Un sablage parfait ne s’obtient pas seulement avec du savoir-faire, de la dextérité, un excellent équipement et une passion pour le bois. Il y a beaucoup à dire sur la façon de sabler un plancher.

Gros plan sur les techniques employées chez Sélection Bois Francs par nos artisans certifiés Bona.

 

Clarifier les termes et user de souplesse

C’est probablement parce que l’on continue d’utiliser le terme « papier sablé » que l’expression « sabler un plancher » est si ancrée au Québec.

Il faut dire que dans mon domaine, le terme « sablage » est également employé pour désigner l’action d’enlever par abrasion une petite quantité de matière à la surface d’un plancher.

Techniquement, je le sais très bien, c’est plutôt de ponçage qu’il s’agit. Je vais néanmoins « user » de souplesse et recourir indifféremment aux deux termes dans mes articles (ponçage et sablage).

Il faut savoir par contre, qu’il est réellement possible de sabler une surface en bois. Cette expression fait référence au procédé de projection d’air et de sable dans le but de donner un aspect usé au bois.

Chez Sélection Bois Francs, nous ne nous servons cependant pas d’une telle pratique pour revitaliser les planchers de bois franc.

 

Une inspection préparatoire

Ce n’est qu’après avoir vérifié et complété les préparatifs faits par le client que mes équipes se mettent au travail.

En premier lieu, celles-ci installent le matériel de sablage requis pour effectuer les travaux. Nous utilisons, vu leur très grande efficacité, les systèmes DCS de Bona permettant une captation intégrale de la poussière

Avant le démarrage de la ponceuse principale et des bordureuses, une inspection visuelle du plancher est importante afin de valider et de compiler l’information reçue préalablement.

Par exemple, s’agit-il réellement d’un plancher traditionnel, de planches de bois massif, de bois très dur, d’un plancher préverni, d’un plancher d’ingénierie ou d’un revêtement sablé plusieurs fois ?

 

Le sens du travail bien fait

Lorsque nous arrivons chez un client pour y trouver un plancher d’une certaine époque, nous savons que nous devrons ajuster quelque peu le processus de ponçage.

Effectivement, les planches sont non seulement plus étroites et faites de bois massif, elles ont presque toujours été sablées après avoir été fixées au sol.

Dans ces cas, il n’est pas rare de voir de fines ondulations à la surface du bois puisqu’auparavant, les ponceuses étaient beaucoup moins précises qu’aujourd’hui.

Il est donc primordial de faire disparaître ces défauts avant de poursuivre le travail. Cela signifie obligatoirement de faire progresser la ponceuse en angle sur le plancher.

Ainsi, le biais est souvent de 15° par rapport à l’orientation de la première passe du sablage d’origine. Il peut même aller jusqu’à 45° si le plancher est très endommagé.

Lorsque l’on sable pour la première fois un plancher plus récent étant préverni en usine, les planches devront également être poncées en diagonale (lors de la passe initiale seulement).

Un plancher préverni ayant été sablé par un spécialiste peut par contre, être poncé dans le sens de ses planches.

On me demande souvent si un plancher d’ingénierie peut être poncé. La réponse est oui, mais seulement une fois en raison de la fine épaisseur de son placage de bois franc.

 

Le sablage : un procédé évolutif

Teinture, huile, anciens vernis, uréthane, vernis à base d’oxyde d’aluminium, résidus de colle, taches, tout ce qui se trouve à la surface du plancher doit avoir été enlevé par les sableuses lors d’un premier passage, peu importe l’essence ou la dureté du bois.

Il s’agit de l’étape de mise à nu du bois. Même si cette passe n’est que la toute première, l’expérience de l’opérateur et les règles du ponçage professionnel y sont fondamentales.

La raison associée à l’importance de cette étape est simple : l’ordre et la nature des ponçages suivants en découlent.

Vous aurez deviné que sabler un plancher ne se fait pas en un seul coup. On doit repasser les machines plusieurs fois.

En fait, pour être de qualité, un sablage doit être évolutif et parfaitement contrôlé. Ainsi, selon la réaction du bois, l’état du grain ou le niveau de lissage obtenu, les experts recommencent généralement de trois à cinq fois l’opération.

Ceci dit, chaque plancher est unique, notamment en raison de son vécu ou encore selon le type d’essence de bois qui le compose.

Un plancher de bois exotique en kempas par exemple, demande au moins quatre passes pour être parfait, tandis qu’un plancher extrêmement dur et endommagé peut exiger qu’on le sable jusqu’à six fois.

 

L’échelle abrasive

Réalisée avec une sableuse, des ponceuses de contour et une polisseuse, chacune des passes diffère essentiellement l’une de l’autre par l’intensité de l’usure abrasive employée.

Un autre principe incontournable du sablage réside dans le niveau d’abrasion d’un passe qui succède une autre. Chaque nouvelle passe doit être moins agressive que celle qui l’a précédée.

Pour réaliser cette rétrogression abrasive, les experts munissent leurs outils électriques de toiles rugueuses — on revient à nos fameux papiers sablés — dont le niveau d’abrasion n’est pas le même de fois en fois.

Ces papiers sablés spécifiques possèdent des numéros identifiant leur abrasivité. Plus le numéro est élevé, plus le papier est doux et moins il a de mordant.

Dans l’industrie du sablage de plancher, il y a dix niveaux ou grades possibles, échelonnés de 16 à 150.

Chez Sélection Bois Francs, de la mise à nu du bois jusqu’au polissage, les passes de sablage ne sont ni escamotées ni superflues. Quand on « ramène » un plancher, on le fait efficacement et parfaitement.

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