par Denis Linteau |
En Europe, 90 % des parquets de bois franc sont huilés et non vernis. Au Québec, cette statistique tourne plutôt aux alentours de 40 %, si je me fie à ma clientèle. Cependant, cette proportion est en nette progression depuis une dizaine d’années.
Effectivement, la tendance actuelle est au huilage et ce n’est pas pour rien. Écologiques et d’apparence naturelle, les planchers huilés ont beaucoup d’attraits, mais ils comportent aussi certaines contraintes.
D’où l’importance de vous donner toute l’information nécessaire avant d’arrêter votre choix sur ce type de finition de plancher.
Conseiller et expliquer
Comme nous venons de le mentionner, il y a actuellement une mode pour l’huile sur les planchers de bois. Celle-ci est nourrie par l’attrait du vintage et par l’utilisation décorative des vieilles planches.
La plus grande sensibilité environnementale des consommateurs pèse sans doute également dans la balance.
Chose certaine, les gens, notamment les jeunes couples, sont friands des informations concernant les planchers huilés (Web, télé, magasines), et ils veulent avoir des réponses.
Chez Sélection Bois Francs, nous avons comme politique d’expliquer dès le départ au client ce que signifie avoir un plancher de bois huilé, avantages comme inconvénients.
C’est pourquoi, malgré ses qualités, il nous arrive parfois de le déconseiller à certaines personnes, ou plutôt à certains modes de vie.
Tout le monde n’est pas « fait » pour un plancher huilé ! C’est une question de perception, je dirais même de mentalité. J’y reviendrai plus tard dans cet article.
Quand la question d’huiler ne se pose même pas
Tout d’abord, dissipons quelques doutes dans votre esprit. Lorsqu’il s’agit d’un plancher, toutes les essences de bois peuvent être huilées.
Fini le temps où c’était problématique d’imprégner d’huile un plancher en érable par exemple. La technologie a grandement évolué et l’arrivée d’excellentes huiles de finition sur le marché a fait en sorte que le feuil est désormais stable et la protection durable.
Ensuite, il y a des cas où huiler le bois franc n’est pas uniquement une option : il s’agit d’une obligation.
Je pense par exemple aux appartements donnant sur la rue, aux entrées sans vestibule, aux commerces de quartier et aux intérieurs peu protégés contre l’hiver.
Leurs planchers ont tellement reçu de produits de déglaçage et d’eau que le bois est saturé de calcium. Dans ces conditions, il y a de fortes chances qu’un vernissage soit une mauvaise solution.
À l’inverse, les huiles Bona ou Carver par exemple, ne réagissent aucunement avec le calcium et donnent des finis qui conviennent très bien aux planchers exposés à beaucoup de va-et-vient.
Ils sont donc tout indiqués pour des établissements comme des bars, des restaurants et des cafés.
Par ailleurs, si le bois franc se trouve dans un chalet « occasionnel » peu isolé ou que le plancher à sabler est dans une maison avec cave non chauffée (vide sanitaire), la décision d’huiler plutôt que de vernir peut également s’imposer.
Pourquoi ? Eh bien, c’est que dans ce genre d’endroits, les planches sont soumises à de grandes contraintes thermiques d’expansion et de rétractation. En réalité, les planchers qui s’y trouvent « bougent » énormément.
Offrant une plus grande souplesse que le vernis, l’huile reste stable en dépit des variations et les extrêmes de température. Il n’y aura ainsi aucun écaillement… malgré les craquements !
La beauté branchée et irréversible du bois huilé
Comme le fini des planchers huilés est plutôt mat, on les vante souvent dans les magazines de décoration. Ils produisent une ambiance naturelle, moderne rustique, chaleureuse.
Ils font également ressortir les veinures et la beauté du bois, sans reflets pouvant jurer avec les autres matériaux nobles de la déco tels la pierre, les alliages métalliques et le cuir.
En plus, le bois huilé n’est aucunement toxique et, s’il est égratigné, on peut le retoucher soi-même à la maison sans que rien n’y paraisse.
S’il est entretenu de la bonne manière et avec les produits à pH neutre requis, un plancher huilé correctement n’a plus jamais à être traité à nouveau par des professionnels.
L’inconvénient est qu’il est impossible de vernir un plancher traditionnel qui a déjà été huilé. Ces deux finis sont incompatibles dans cet ordre d’application.
Par contre, certains planchers pré-huilés en usine peuvent parfois être vernis ; cela dépend du procédé utilisé par le fabricant.
Si l’huile est uniquement restée en surface, ça peut être faisable, après avoir évidemment réalisé un sablage adéquat.
Sinon, il est pratiquement immanquable que le vernis va peler, et ce, assez rapidement. Il faut donc toujours faire un test au préalable.
Les planchers huilés sont faits pour qui ?
Dans la vraie vie, les planchers huilés demandent qu’on les laisse un peu tranquilles ! Ce sont des surfaces qu’il ne faut pas chercher à maintenir immaculées.
Il faut s’enlever de la tête cette image d’un plancher huilé parfait, astiqué comme un piano à queue, sans aucune imperfection.
D’ailleurs, c’est en les nettoyants trop souvent et avec des produits détergents puissants qu’on réduit considérablement leur durée de vie.
L’huile de finition s’assèche alors indûment, elle est dissoute ou est carrément enlevée en surface.
Les propriétaires plus âgés, à la retraite ou ayant toujours eu des planchers de bois franc vernis pourront avoir du mal à s’adapter à des parquets huilés — on peut mettre de l’huile sur du bois ayant déjà été verni.
La raison est simplement que ceux-ci réagissent davantage à l’activité domestique : marcher pieds nus peut laisser des traces, le frottement des pattes de chaises crée des marques brillantes, des zones plus éclairées peuvent changer de couleur, etc.
Dans un domicile où tout est toujours spic & span, il se pourrait que le plancher devienne l’intrus ! Les personnes qui sont toujours en train de frotter ou qui cherche à effacer les toutes imperfections ne sont pas celles à qui je conseille un huilage pour leurs parquets.
Au contraire, il faut être un peu plus tolérant avec les planchers huilés.
Selon mon expérience, les nouvelles générations semblent un peu plus disposées à avoir ce type de revêtement de sol. Elles veulent quelque chose de fonctionnel qui a du vécu et se soucient moins des imperfections ou des granules au sol.
On comprend ainsi pourquoi ce sont les planchers huilés qui sont recommandés pour les bars et autres locaux commerciaux.
Huile et teinture : un bon duo
Peu importe la marque et le prix de l’huile utilisée, tout plancher mis à nu et non teint va devenir légèrement doré au moment d’un traitement d’huilage. Aucune huile n’est cristalline.
En bouteille, les produits d’imprégnation et de finition ont la couleur d’une bière blonde. Avec le temps, par surcroît, un plancher huilé aura tendance à jaunir étant donné que le bois n’a pas de protection contre les UV.
Pour tenter d’uniformiser l’effet, on doit donc laisser entrer la lumière extérieure de manière à ce que tout le plancher soit exposé également en plus de déplacer les tapis et les meubles après un moment.
Cela dit, si le plancher est teint avant d’être huilé, c’est une autre histoire. Comme la teinte choisie est généralement plus foncée, le doré de l’huile n’apparaîtra pas sur le bois à l’application.
Il n’y aura pas non plus de jaunissement du plancher à la longue, car la teinture fait office de filtre contre les ultraviolets. Le bois vieillit ainsi beaucoup moins vite.
Aujourd’hui, c’est près de 75 % des planchers que j’huile qui sont également teints au préalable.
Sélection Bois Francs, le conseiller d’expérience
Nos artisans certifiés Bona ont les compétences requises pour donner un aspect naturel aux planchers.
Huiles imprégnantes et huiles de finition sont appliquées chez nos clients en suivant une méthode rigoureuse et éprouvée. Or, ils excellent tout autant pour vernir les planchers de bois franc.
Les goûts, le contexte, les habitudes : chez Sélection Bois Francs, nous nous assurons de prendre toute en compte pour bien conseiller chaque client, selon ses besoins particuliers.